dimanche 22 mai 2011

EUCHARISTIE SACREMENT DE DEVELOPPEMENT INTERGRAL DE L'HOMME


QUAND L’EUCHARISTIE DEVIENT  VRAI  FERMENT
POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL


Comme membre de l’Eglise-Famille de Dieu qui est au Tchad, nous jouissons aussi des mêmes droits et devoirs que nos frères et sœurs dans le Christ de l’Eglise universelle. Le Christ est mort et ressuscité aussi pour les Tchadiens ! C’est une motivation à chercher voies et moyens pour sortir le Tchadien et le Tchad de l’impasse socio- religieuse qui l’assombrit.
De quoi allons-nous parler ? Que signifie l’eucharistie comme vrai ferment pour le développement ?

Notre propos veut ici cibler les chrétiens catholiques du Tchad et toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, bien entendu, qui vivent dans cette contrée de la planète-Terre  et qui veulent bien accueillir notre réflexion et la pratique, ce serait là un bon choix. Cette réflexion se veut un partage  sur le sens de l’eucharistie   dans l’exhortation apostolique Post- synodale du Pape Benoît XVI « Sacramentum Caritatis » sur  l’eucharistie comme source et soumet de la vie et de la mission de l’église.
Les implications sociales que pourrait avoir l’eucharistie englobent toute la dimension de la morale chrétienne. Les vertus théologales soutenues par les vertus cardinales, animatrices de la vie morale du chrétien vivant en société s’entrelacent et se rencontrent toutes dans l’eucharistie. L’agir du chrétien doit refléter la vie de Jésus-Christ qui habite en lui à travers l’eucharistie, « devenez ce que  vous êtes »,nous dit saint Paul. Dans le partage eucharistique chacun y trouve un aliment et un stimulant pour promouvoir la fraternité, la solidarité, la vie humaine en général et par conséquent le développement. « L’intimité avec le Christ dans l’eucharistie est de nature à changer le fidèle de manière que ses rapports avec les prochains, sa manière de penser, son engagement dans la société, bref toute sa vie, se renouvelle ». ( [1] Sr. MOFILA Régine, « l’éducation de la piété eucharistique », in Le pain des pèlerins. Eucharistie et Spiritualité Ignatienne, Centre Manresa n°6, Loyola, 2001, p. 108). Le Développement doit être pour les Tchadiens, le nouveau nom de l’évangélisation du Tchad, comme le disait le pape Paul VI,  « comment en effet proclamer le commandement nouveau sans promouvoir dans la justice et la paix la véritable, l'authentique croissance de l'homme ? Nous avons tenu à le signaler Nous-même en rappelant qu'il est impossible d'accepterque l’œuvre d'évangélisation puisse ou doive négliger les questions extrêmement graves, tellement agitées aujourd'hui, concernant la justice, la libération, le développement et la paix dans le monde. Si cela arrivait, ce serait ignorer la doctrine de l'Evangile sur l'amour envers le prochain qui souffre ou est dans le besoin ». (Cf. Evangelii Nuntiandi, 31)


Le Développement du Tchad a-t-il besoin de l’eucharistie pour démarrer, nous poseraient la question certains ?
 Eh bien, à la lumière de cette citation du Pape Paul VI, ci- haut  et sûrs de notre foi chrétienne, nous affirmons que Oui. En effet, si tous les chrétiens qui participent à la fraction du pain ont la même foi, la même conviction et le même enthousiasme alors un développement pour est possible le Tchad, et bien entendu un développement au modèle chrétien. Le développement chrétien est le développement intégral de tout l’homme et de tout homme. Car par le baptême, nous devenons enfants de Dieu, incorporés à l’Eglise et nous sommes configurés au Christ. Mais avec la Sainte eucharistie nous sommes davantage, « Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s'offrent eux-mêmes avec elle » (cf. Lumen Gentium, 11).

La morale chrétienne, rappelons-le, met toujours l’homme comme personne humaine au centre de tout,  comme un être créé à l’image de Dieu. Nos recherches de moyens pour le développement doivent respecter l’homme, la femme pour qui nous voudrions agir sinon notre action sera vouée à l’échec, à l’inutilité.
Comment tirer l’énergie de la Sainte eucharistie que nous communions pour pouvoir agir efficacement ?
Considérant la centralité de l’eucharistie, sa force vivifiante et transformatrice, le chrétien y trouve la source intarissable de force spirituelle et morale pour mener toute action pastorale et sociale. Les chrétiens sont bien capables, grâce à la sainte eucharistie de s’unir, de se solidariser et de transformer le dans lequel ils vivent, avec moins de peines.
Idem, chez les chrétiens tchadiens. Car, pour les Tchadiens, à l’instar des Africains, la généalogie est très importante et d’elle dépend tout l’avenir de la famille. La lignée familiale est sauvegardée, protéger de toute humiliation, de tout scandale pour éviter d’attrister et voire déclencher la colère des ancêtres et partant de hypothéquer la vie de toute la famille.
L’Ancêtre de tous les chrétiens tchadiens que nous sommes, c’est Jésus Christ, c’est Lui notre Tronc Commun d’où sont rattachées toutes les branches que nous sommes. Pouvez-vous imaginer que les branches issues d’un tronc puissent donner des fruits différents et pire encore de fruits de différentes qualités. Et une branche ne peut pas prétendre se détacher du tronc au risque du séchage.
L’eucharistie peut être une source de solidarité, de travail, de réconciliation et de développement ou progrès. L’union fait la force. Un seul doigt ne lave pas la figure !

 La solidarité est une valeur très nécessaire qui si elle manquait à un peuple ou à un groupe, ce peuple ou ce groupe se fragilise et à la longue peut se diviser. La solidarité dans l’eucharistie c’est à dire la solidarité de ceux qui ont mangé le corps et bu le sang du Christ est celle de la solidarité à l’exemple des premiers apôtres, « Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte s'emparait de tous les esprits: nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun;  ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun.   Jour après jour, d'un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur ».( Ac. 2, 42 ss). Ainsi la solidarité qui découlerait de la fraternité et cette dernière de l’amour. C’est de l’eucharistie que jaillit la nécessité et la possibilité de réaliser toujours l’amour fraternel. Et tout ce qui est fraternité, combat pour l’unité, rassemblement des hommes, nous reconduit à l’eucharistie pour y trouver un lieu idéal de célébration. L’eucharistie est le sacrement de la solidarité et de toutes les vertus : « Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique » (1Co 10, 17). C’est ici qu’il faut enterrer et faire le deuil de nos haines et de nos mépris tribaux ou ethniques qui malheureusement ne favorisent pas le développement, ces considérations doivent s’effacer devant le Christ qui est notre Tronc Commun, notre seul et unique Ancêtre. Nous devons faire un effort d’oublier, de dépasser le tribalisme qui devient de plus en plus notre gangrène qui  nous ronge,  nous détruit, nous diminue et nous sous-développe. Car, « Le christ dans l’eucharistie est toujours là comme celui qui rassemble, qui réconcilie, qui abat les murs de séparation. »( LIEGE P-A, Pour mieux comprendre l’Eucharistie, Paris, Ed. Cerf, 1981, p.103)
 L’action agissante de l’eucharistie dans la solidarité ne doit pas être réservée seulement aux seuls chrétiens entre eux, autrement le sens du « sacrifice » du Christ qui s’est offert en mourant sur la croix pour sauver toute l’humanité n’aura pas de portée universelle salvifique. Un chrétien doit savoir être solidaire dans le bonheur et le malheur avec son prochain même avec celui ou celle qui ne partage pas la même foi que lui. Cette attitude répond donc à la dimension œcuménique de l’Eglise ou bien du dialogue interreligieux. Le vent  de l’individualisme et de l’indifférence qui souffle sur nous, au Tchad,  en ce moment de mondialisation risque de faire voler aux éclats les valeurs et devoirs chrétiens que nous aimons et voudrions bien sauvegarder. Cela concerne le Tchad  qui  avait su sauvegarder ses valeurs jusqu’à un certain moment.
Dans la promotion humaine, nous entendons aussi la Justice, la réconciliation, l’amour du travail.
Au fait, la promotion humaine combine tous les critères et toutes les exigences de l’annonce de l’Evangile. Il s’agit ici, de tout l’homme et tout homme, une évangélisation qui tienne compte de la situation socio-religieuse, économico-politiques de la personne humaine en société. L’évangélisation vise aussi la transformation totale de la conscience de l’homme à évangéliser de telle manière que celui-ci soit converti totalement, changé de l’intérieur vers l’extérieur. « Pour l’Eglise il ne s’agit pas seulement de prêcher l’Evangile dans des tranches géographiques toujours plus vastes ou à des populations toujours plus massives, mais aussi d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut. »(« Evangelii nuntiandi » n°19).
Le rôle central de l’eucharistie à cet effet est de renforcer, de motiver les hommes et les femmes du Christ pour une action commune dans le bien, pour la promotion de la vie humaine. Pour atteindre son but qui est celui de libérer tout homme et tout l’homme, la promotion humaine mue par l’eucharistie doit viser l’éducation, l’information, la formation de l’homme qui souvent et malheureusement n’est pas assez informé des décisions qui se prennent à son dépend. La lutte contre la pauvreté, l’engagement dans la praxis politique« Il spécifie encore en parlant de ‘l’urgence de travailler pour la paix, de poser dans les relations entre les peuples de jalons solides en matière de justice et de solidarité, de défendre la vie humaine, de sa conception jusqu’à sa fin naturelle ». (TREMBLAY Réal (c.ss.r), « les saints, splendeur du vécu eucharistique », in L’osservatore Romano n°34-26 août 2003, p.10)

Dans un pays comme le Tchad où l’on assiste chaque jour à des véritables théâtres de violences, de violation des droits de l’homme, aux braquages, aux tribunaux arbitraires, aux divisions des familles, la force agissante de l’eucharistie devient dès lors une force transformatrice et un signe d’espérance pour un peuple  pessimiste et  qui se meurt. Et c’est alors qu’il  y a la pertinence de « Ite Missa est. », « Allez » (Mt 28, 19 ; Mc 16, 15), c’est une invitation à une action conséquence de l’eucharistie, « Allez ! Allez là où vous travailler chaque jour, ouvrez les yeux pour découvrir le Seigneur qui, mystérieusement, transformer le monde et ceux qui l’habitent. Allez, donc ! Allez soulager ceux qui peinent. Allez briser les chaînes de l’oppression, de la haine, de l’exploitation ! Allez annoncer la Bonne Nouvelle de la libération. Allez bâtir la paix. Allez dans la paix » ( SANTEDI Kinkupu Léonard, « L’eucharistie comme sacrement de communion et de promotion humaine dans la perspective de l’Eglise-Famille », in Actes de la XXIIe Semaine Théologique de Kinshasa, L’eucharistie dans l’Eglise-Famille en Afrique à l’aube du troisième millénaire,28-31 mars 2001, p.45-59 ).
Au terme ici de notre réflexion et méditation,  nous voudrions de vive voix implorer le Seigneur Jésus qui au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion institua l’eucharistie que président les prêtres et que tous les fidèles chrétiens par le sacerdoce commun, avec, célèbrent. Que puisse-nous aider, la sainte Vierge Marie qui a incarné dans toute son existence la logique de l’eucharistie et qu’elle soit à jamais un modèle pour nous dans ce chemin où mus par la force de l’eucharistie nous cherchons le développement.
NGORE GALI Célestin, mccj
hallabanda@yahoo.fr

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