COMMENT TCHADIENISER LE CHRISTINAISME ?
Ce titre interrogatif s’adresse à tout le monde, d’abord aux chrétiens tchadiens en suite aux sympathisants et amis expatriés, des Tchadiens. La réponse à cette question doit être individuelle et personnelle avant d’être collective ou communautaire.
Le thème ou le sujet de l’inculturation comme veut bien le signifier ce titre, est le cheval de bataille du Vatican II depuis son avènement.
En d’autres termes nous voudrions formuler notre question en ce sens : quoi et comment faire pour que l’évangile apporté en terre tchadienne puisse toucher, transformer les cultures, les coutumes et les traditions ? Car il s’avère à jamais que c’est là le bouton d’éjection sur lequel il faut appuyer afin que les choses aillent pour le mieux.
Certes, le travail d’inculturation est un processus, un travail de longue haleine mais il faut justement déjà et maintenant le commencer. Mais une autre question est : qui peut le commencer?
Ce ne sont pas les théologiens ou missionnaires expatriés de le commencer mais les Tchadiens et tchadiennes eux-mêmes, avec leurs propres théologiens, leurs propres prêtres, les catéchistes, dans les propres CEB et enfin toute la Famille de Dieu qui est au Tchad. C’est un travail qui doit engager tout le monde, tout village, toute CEB, tout domaine de la foi chrétienne.
C’est un travail qui nécessite une grande foi, une conviction chrétienne, une assez bonne connaissance des Ecritures saintes, une assez bonne connaissance de sa culture pour ne pas induire en erreur et ne pas travestir. Sans doute il serait souhaitable d’ajouter à la foi et à ces connaissances aussi certaines vertus ou qualités humaines comme la vérité, la sincérité, l’honnêteté, le respect, la tolérance. Mais le travail nécessite une base solide, une authenticité sans faille.
Concrètement le travail de l’inculturation à tchadieniser le christianiser nous amènera à discerner individuellement et ensemble ce qui est compatible avec l’Evangile et ce qui est incompatible. Selon nous, posons-nous la question de savoir ce qui nous empêche réellement d’aller comme des enfants légitimes vers le Seigneur Jésus Christ et de le rencontrer ?
Nous avons des exemples de nos pratiques et coutumes telles, «l’initiation traditionnelle», «l’excision des filles», «les rites funéraires», «la place mortuaire» et bien d’autres sur quoi nous pouvons déjà très bien nous interroge et les regarder à la lumière ou au miroir de l’évangile. Personne d’autre que nous-mêmes ne se prononcera mieux que nous sur ces différentes pratiques et coutumes citées ci-dessus !
Nous ne voudrions pas parler tellement ici des valeurs puisqu’elles sont considérées comme déjà acquises, même si certaines d’entre elles sont encore à discerner.
Toutefois, c’est dans l’optique des valeurs culturelles et valeurs traditionnelles que s’inscrit l’inculturation : c’est la rencontre de la culture avec l’évangile ou l’effort d’enraciner l’évangile dans la culture où il est accueilli.
Ainsi nous ne pouvons pas, sous prétexte, de la nostalgie de nos traditions et coutumes ériger certaines pratiques païennes ou contre-valeurs en valeurs culturelles suprêmes. Ce serait du syncrétisme !
Le christianisme est une religion qui a pour doctrine centrale l’amour de Dieu et l’amour du prochain, l’amour de l’homme et l’amour de la femme et ceci n’est pas négociable. A cet effet, nul ne peut cautionner comme bonnes et vraies ce que l’évangile rejette comme mauvaises et fausses.
Les valeurs de l’initiation traditionnelle, nous les connaissons: l’endurance, le respect, la solidarité, l’amour du travail, la persévérance, la discrétion, l’esprit de responsabilité, le sens de la famille, etc. Et les contre-valeurs seraient la maltraitance, la violence, l’esprit phallocrate. Il en va de même pour certaines pratiques coutumières en vogue de nos jours, le «phénomène de la place mortuaire des parasites » avec tout son cortège de dépenses matérielles et économiques, de méchanceté, de dépense d’énergie et de temps matériel que nous feignons de ne pas voir. Ouvrons les oreilles et les yeux de la foi pour entendre et voir les choses afin de les discerner avec plus d’objectivité et de charité et non sur nos sentiments et émotions pour que le Dernier Jour nous ne soyons pas jugés pour avoir manqué à l’amour du prochain ou pour avoir cédé à la naïveté culturelle.
L’évangile joue et doit jouer le rôle de miroir devant lequel doivent (à leur bénéfice) se mirer nos cultures. L’évangile doit sonder et scruter nos cultures dans leur profondeur afin de les conduire et nous avec sur le bon chemin du bien objectif. Dès lors le dialogue entre cultures et évangile peut se comprendre comme une relation entre le disciple et le maître. Et tout cela dans un esprit d’écoute et de respect. L’évangile a le devoir d’éclairer et transformer les aspects sombres de la culture et de chercher à intégrer les valeurs compatibles avec l’enseignement de Jésus christ. Mais ce travail appelle à une action transitive, il doit nécessairement passer par nous et avec nous.
L’inculturation est un travail de longue haleine, c’est un travail sur un terrain glissant. Il faut y aller doucement mais avec détermination et conviction, convaincu de sa foi chrétienne pour éviter toute prétention, tout traditionalisme ou tout syncrétisme. Et ce travail nécessite une connaissance suffisante de sa culture et d’autres cultures, au besoin, et bien évidemment la culturelle chrétienne. Nous pouvons tchadieniser le christianisme sans pourtant assujettir l’évangile à nos cultures.
P. NGORE GALI Célestin, mccj
hallanada@yahoo.fr
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