mardi 27 mars 2012


MEMOIRE DU P. JACQUES HALLAIRE-
PIONNIER DE L’EVANGELISATION DU PAYS SARA
Abba Hallaire(p. Jacques Hallaire, sj)

Les morts ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l'arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule,
Ils sont dans l'eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.
C’est avec cet extrait de notre cher Poète Birago Diop que nous voudrions introduire nos propos en mémoire des 18 ans de la naissance au ciel de notre regretté Abba Hallaire, le 28 mars 1996. Le Père Jacques Hallaire sj (1917-1996)
Qui était Jacques Hallaire
Le Père Jacques Hallaire est né  à Paris en 1917, d'une famille de trois enfants. Après ses études secondaires et universitaires il se préparait au sacerdoce quand il était passé dans l’armée en septembre 1939. Sous-lieutenant, il était prisonnier durant cinq ans, mais il continuait sa formation théologique dans son camp d'officier. Libéré, il avait fait entré entrer au noviciat de Laval en septembre 1945, ayant désiré l'apostolat de la Compagnie depuis sa retraite de 1938. Ordonné en 1950, il était volontaire pour aller en mission en Chine, apprend le chinois, mais malheureusement pour Hallaire, la routé de Mao serait barrée en 1952. C’est ainsi qu’on lui propose la mission du Tchad qui n’était pas prévue. Mais c’est là que le Seigneur l’appelle pour réaliser sa mission.
P. Jacques Hallaire, dans un village sara avant 1960(?)
Abba Jacques Hallaire  y vivra 45 ans, toujours dans le Moyen Chari. C’est là qu’il aurait souhaité y reposer en paix mais les choses s’étaient passées autrement, contre sa volonté. « Abba Hallaire», comme on aime l’appeler en pays sara, nous quittera le 28 mars 1996 suite une opération á Paris  d’un anévrisme à l’aorte.
Jacques Hallaire amoureux de  la culture sara
Mgr. Edmond consacrant durant la messe de clôture de l'année jubilaire

Arrivé à Fort-Lamy en septembre 1952, il avait été affecté de suite au pays Sara, cette plaine sillonnée des affluents du Chari, verdoyante et fertile.
Très vite Abba Hallaire découvrir la vie, les traditions de l’ethnie madjingay qui donnera des prêtres, des religieux et des religieux pour le Tchad et le monde entier. Hallaire avait ses meilleurs moniteurs de la langue qui étaient  les écoliers, les catéchistes, avec eux il avait appris vite et bien la langue Sar. Il voulait comprendre ce peuple en profondeur, sa culture, le sens de ses coutumes. En 1963 sa traduction de l'Evangile en Sar est publiée à Fort Lamy. Cette étude de la langue devait ouvrir la voie à d'autres recherches, à une mise au point progressive d'une orthographe spécifique pour indiquer les tons de cette langue du groupe Sara. Il étudiait les traditions orales du pays sar et rédigeait un opuscule savoureux sur "les noms de personnes" dans cette ethnie, un autre encore sur les contes sar.
Père initiateur de messeigneurs Mathias Ngarteri et Edmond Jitaangar
A gauche, Mgr. Mathias Ngarteri, à droite, Mgr. Edmond Djitaangar


Monseigneur Mathia Ngarteri Mayadi, actuel archevêque de N’djaména était le collaborateur plus proche de Abba Hallaire. Avec lui, ils se dédiaient à la traduction œcuménique de la Genèse dont le premier tirage était sorti en 1985. Mgr Ngarteri l’accompagnait dans les retraites des communautés chrétiennes tenues sous les arbres en brousse.
En effet, au temps du carême avec l'abbé N'Garteri, curé de Koumra en ce temps-là, il animait les fameuses "retraites en brousse" du diocèse de Sarh, un peu loin des villages, près d'un point d'eau; elles groupaient successivement les chrétiens de Koumra et des villages environnants. En mars 1985, la sécheresse de la saison des pluies 1984 avait diminué les récoltes, les gens avaient peu de mil à apporter; malgré cela ils étaient venus nombreux. Ils méditaient sur les épreuves de Job, sur les tentations de Jésus au désert, sur la tempête traversée par St Paul naviguant vers Rome. A la demande des chrétiens de Koumra qui creusaient deux puits et construisaient la charpente du premier hangar, le centre spirituel de Bendoyo était ouvert au Carême 1986.
Abba Hallaire le curé infatigable et dévoué à la pastorale itinérante
Successivement curé de Bedaya, puis de Koumogo où se trouvait l'école de catéchistes du diocèse de Sahr, le Père Hallaire découvrait la valeur du chant religieux comme expression et moyen d'assimilation de la foi. Il stimulait beaucoup de catéchistes, de paysans, de paysannes capables d'inventer des chants et de les exécuter avec allégresse. Avec lui, en 1978 le Père Jacques Fédry  fondait le Centre d'Etudes Linguistiques de Sahr que aujourd’hui porte son, « casse Hallaire ». Ils voulaient former des chrétiens fiers de leur foi et de leur tradition culturelle.
Abba Hallaire pionnier de l’inculturation au Tchad
La couverture du livre  de Abba Hallaire

 Le Père Hallaire à Bedaya, rencontrant souvent le Mbang et les responsables de l'initiation traditionnelle, le "yondo", pouvait éclairer les chrétiens sur les valeurs éthiques de cette coutume, sur ses implications animistes, à différencier de l'initiation chrétienne, à connecter aussi avec elle.
Son chef-d’œuvre « Naissance d’une église africaine-Naissance d'une église africaine: lettres et chroniques du pays sar, Tchad » illustre bien la dédication totale du Père Jacques Hallaire pour l’évangélisation et la promotion de l’église du Tchad.
C’est un livre fait la chronique de la naissance d’une Église africaine au Tchad entre 1952 et les années 1990, faite des lettres écrites par l’auteur à ses compagnons jésuites, à des amis ou bienfaiteurs ou à sa famille. Ces « Actes » de la naissance d’une Église en terre tchadienne feront désormais partie de la mémoire des communautés chrétiennes Sarh d’aujourd’hui et de demain mais aussi de l’Église universelle.
Hommage de Mgr. Edmond Djitangar à Abba Hallaire
Mgr. Edmond Djitangar, le 08.01.12  à la cathédrale de Sarh

« Les adieux du pays sara : Le Père Hallaire a été un pionnier dans tous les sens du terme il a prospecté puis initié des communautés catéchumènes, organisé et consolidé des communautés chrétiennes avec un inlassable souci d'enraciner l'Evangile dans les cœurs par des traductions, par une pastorale aussi respectueuse que possible de notre culture. Peu de missionnaires ont réalisé cette promesse de savoir collaborer humblement et loyalement avec des jeunes qu'ils ont catéchisés, baptisés et envoyés au séminaire comme le Père Hallaire a su le faire avec nous. Il était devenu le "vieux" autour de qui nous avions plaisir de nous retrouver les soirs pour l'écouter nous parler des débuts de notre Eglise...il est resté le plus jeune par sa vitalité, par son regard foncièrement optimiste sur le futur de cette Eglise malgré les difficultés.
"Père Hallaire, les vieux de nos villages pour qui tu avais beaucoup d'amitié, les catéchistes, les collaborateurs, les communautés chrétiennes et religieuses, tous tes petits frères dans le sacerdoce de Sarh te confient à Dieu et se recommandent à ta bienveillante intercession, auprès de LUI" »

Intercède pour nous Abba Hallaire.


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