Le religieux ou la religieuse doit être à la manière et au model de saint Pierre et saint Paul.
Le 29 juin la fête des saints Pierre et Paul, nous célèbrons ces grands saints de l'église.
Place se Saint Pierre à Rome- photo prise le 24.06.12 |
Comme la parole de l’ange à Pierre dans les Actes des Apôtres de la
liturgie de la Parole de cette fête :
« Suis-moi ! » « Mets ta ceinture et
tes sandales, mets ton manteau et suis-moi », nous aussi comme religieux et
religieuses tchadiens nous appelés à répondre à cet appel à chaque instant de
notre vie.
« Suis-moi », ce n’est pas un appel adressé une fois pour toutes, mais
c’est une phrase qui ponctue toute la vie apostolique de saint Pierre, qui
suscite chaque remise en route. S’il y a le premier appel, la première
rencontre du Seigneur, décisive, notre vie chrétienne est une progression
d’étape en étape, où le Seigneur ne s’arrête pas à nos échecs, à nos
manquements, à nos fuites, à nos
désertions.
Quelle joie et
nous dirons même quelle liesse quand nous voyons chaque jour nos cadets et
cadettes s’engager à la suite du Christ, mettre leur ceinture et leurs sandales
prendre la route de la mission.
Paroisse saint Pierre et saint Paul de Moundou-Tchad |
Nous gardons souvent en mémoire le « suis-moi » du bord du lac ou peut-être
même au bord lac Tchad, du Chari et du Logone, lorsqu’au début des évangiles
synoptiques nous voyons Jésus marchant au bord de la mer de Galilée appeler
Pierre et André en train de jeter leurs filet. Un appel radical, une parole
d’autorité « Venez à ma suite et je vous ferai pécheur d’hommes » (Mt 4, 19)
qui entraine un don généreux et immédiat, un acte décisif : « Laissant aussitôt
leurs filets, ils le suivirent ». Ce saut dans l’inconnu est nécessaire, mais
Pierre ne sait pas encore ce qui l’attend. Il pose un acte qu’il lui faudra
assumer. Il finira par l’assumer jusqu’au bout, jusqu’à la mort, jusqu’au
martyre. Mais en posant ce choix décisif, il entre dans le grand combat
spirituel du chrétien, et toute sa vie, il aura besoin d’entendre à nouveaux
cet appel, « suis-moi ».
Le Seigneur Jésus nous appelle comme Tchadiens, avec nos limites, notre
situation socio-politique à le suivre.
Mais les choses se précisent peu à peu : « Je vous envoie comme des brebis au
milieu des loups » (Mt 10, 16). Le combat qui s’engage prend forme, l’exigence
et la radicalité évangéliques surgissent. Mais cette exigence, c’est d’abord
celle du Christ. Alors pour suivre le Christ, pour être configuré à lui, le religieux
ou la religieuse est appelée à entrer dans son combat.
Alors il faut toujours se remettre en marche, mais cela serait impossible
si ce n’était le Seigneur qui à chaque moment de doute ou d’échec appelait : «
suis-moi ». La vie de Pierre est jalonnée d’incompréhensions, d’incapacité à
entrer dans le dessein de Dieu. C’est encore davantage ce qui se produit le
jeudi saint. Si les apôtres tombent de fatigue et s’endorment, c’est la marque
de leur impuissance, de leur impossibilité radicale d’entrer dans le mystère de
la mort du Christ. Pourtant, un jour, ils seront conformés au Christ, un jour,
Pierre sera mis en croix. La vie de Pierre nous montre que notre vie
spirituelle, pourtant faite d’échecs, de doutes, de péchés, avance, parfois
sans qu’on s’en aperçoive. Qu’elle avance même là où il semble que tout
s’arrête. Et Pierre se remet en route. Et voici encore, dans les Actes des
apôtres, un nouvel appel, le dernier qui nous est relaté. Désormais c’est
l’ange qui appelle Pierre dans sa prison. « Chaque jour je commence ».
Ce n’est pas à nous de juger de
notre avancement, mais simplement de répondre à cet appel du Seigneur, alors il
pourra faire son œuvre en nous, en notre labeur missionnaire.
Icône de Saint Pierre et saint Paul |
Après l’appel de
l’ange, Pierre va raconter cet évènement aux disciples, « puis ils s’en alla et
se mit en route pour une autre destination », disent les Actes, mais on peut
aussi traduire : « pour une autre destinée » (Ac 12, 17). Et Pierre disparait
quasiment des Actes. Oui, Pierre part vers sa destinée, dans une dernière
réponse à ce « suis-moi » qui résonna au bord du lac bien des années plus tôt
et qui malgré les incompréhensions et les chutes va s’accomplir, Pierre part
vers sa destinée et la suite du Christ est consommée dans le martyre.
Chers compatriotes, chers religieux et religieuses, comme Pierre, comme
Paul sur le chemin de Damas, nous sommes toujours inviter à entendre ce «
suis-moi ». Nous pouvons parfois avoir l’impression que ce premier appel, et la
première réponse sont bien loin. Le combat spirituel qui s’est engagé peut nous
dérouter, au sens propre du terme, nous égarer. Alors nous sommes invités à
nous laisser toucher par le Christ d’une manière toujours nouvelle. Par la voix
d’une parole d’autorité, comme celle qui appelle au bord du lac, par la main
ferme qui relève quand Pierre coule, par le regard quand Jésus lève les yeux
sur Pierre au moment où le coq chante.
Icône saint Pierre et saint Paul |
Mais c’est parce qu’il entre dans une expérience de foi que Pierre peut
toujours rebondir, se laisser saisir, qu’il ne sombre pas à l’heure du
reniement mais qu’il fait confiance au Seigneur. Alors nous pouvons nous aussi
nous appuyer sur la foi de Pierre. C’est sur la foi de Pierre qu’est bâtie sa
propre vie, que ce « suis-moi » prend corps. La foi de Pierre, comme notre foi,
est parfois fragile : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? », lui dira
Jésus. Pourtant cette foi fragile, c’est elle qui fait radicalement basculer
toute notre vie car elle s’enracine au plus intime de nous-mêmes. Cette foi,
c’est une foi éprouvée dans la chair. Cette affirmation théologique, « tu es le
messie, le fils du Dieu vivant » entendue aujourd’hui, est une foi
existentielle, « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie
éternelle », qui conduit Pierre à entendre à chaque appel ce « suis-moi » qui
le conduit toujours plus loin. Alors le chemin se fait, malgré tous les soubresauts
de notre vie.
En cette fête des saints apôtres, laissons-nous toujours remettre en route
par le Seigneur, afin qu’un jour nous puissions nous écrier avec saint Paul «
Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire