ES NÉE AU BENIN
LA EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE- AFRICAE MUNUS
Le Saint Père, Benoît XVI séjourne depuis hier au Benin pour un bref séjour de 48 heures. Le voyage du pape vise à renforcer le rôle de l’Eglise catholique non seulement au Bénin mais également dans les autres sociétés africaines traversées par des tensions ethniques et religieuses. C’est la deuxième fois que Benoît XVI se rend en Afrique et c’est un signe de l’importance que le pape, qui voyage peu, accorde à « cet immense poumon spirituel » que représente, à ses yeux, l’Afrique. Le continent, dont la moitié de la population a moins de 25 ans, constitue pour Benoît XVI « la grande espérance de l’Eglise ».
Qui nous dit le document :Résumé de l'Exhortation apostolique post-synodale Africae Munus (L'engagement de l'Afrique)
L’Exhortation apostolique post-synodale Africae Munus (L’engagement de l’Afrique) est le document rédigé par Benoît XVI à partir des 57 propositions finales du second Synode spécial pour l’Afrique, qui a eu lieu en octobre 2009 sur le thème de la réconciliation, de la justice et de la paix. Le document pontifical est divisé en deux parties : dans la première, il examine les structures porteuses de la mission ecclésiale dans le continent, avec l’objectif de parvenir à la réconciliation, la justice et la paix, en se concentrant surtout sur l’évangélisation ; dans la deuxième, les champs d’apostolat de l’Eglise sont indiqués, en particulier dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des moyens de communication sociale. L’espérance domine le tout : conscient du patrimoine intellectuel, culturel et religieux du continent, mais également des défis actuels que l’Afrique doit affronter, le Pape encourage le continent à accueillir toujours plus le Christ, se libérant de ce qui le paralyse et trouvant en soi-même les forces pour relancer sa propre vie et son histoire.
Cette Exhortation apostolique est reliée :
à l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, publiée en 1995 à la suite du premier Synode spécial pour l’Afrique. De ce document, c’est surtout l’idée de « Eglise famille de Dieu » qui est reprise.
à l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, publiée en 2010 à la suite du Synode général sur la Parole de Dieu. De ce document, est reprise l’importance de l’apostolat biblique. Aux Lineamenta pour le Synode général sur la Nouvelle Evangélisation qui se tiendra en 2012, pour que se renforce le dynamisme ecclésial de l’Eglise africaine, lui indiquant également le programme des activités pastorales pour les prochaines décennies d’évangélisation.
PREMIÈRE PARTIE : Les structures porteuses de la mission ecclésiale en Afrique
Partant du présupposé que « l’Afrique a besoin d’entendre la voix du Christ qui proclame aujourd’hui l’amour d’autrui, y compris de l’ennemi » (AM 13), l’Exhortation apostolique invite à la réconciliation avec Dieu et avec le prochain, voie nécessaire pour la paix. Sont ainsi de grande importance la purification intérieure de l’homme, l’offrande et l’accueil du pardon qui permettent de retrouver l’harmonie entre les familles. Il importe, cependant, que les responsables de crimes soient recherchés et mis devant leurs responsabilités, pour décourager la récidive de tels délits.
Le Pape souligne ensuite que, bien que la construction d’un ordre social juste relève de la sphère politique, l’Eglise a cependant le devoir de former les consciences des hommes et des femmes, les éduquant à la justice divine : fondée sur l’amour, celle-ci va jusqu’au don de soi pour les frères et dépasse le seuil minimal exigé par la justice humaine. Vivre la justice du Christ signifie donc œuvrer pour mettre fin à la spoliation des biens au détriment de peuples entiers, spoliation définie comme inacceptable et immorale (AM 24), veiller à la subsidiarité, à la solidarité et à la charité, dans la logique des Béatitudes. Pour cela, « une attention préférentielle doit être accordée au pauvre, à l’affamé, au malade, au prisonnier, au migrant, au réfugié ou au spolié » (AM 27). L’Eglise doit contribuer à former une Afrique nouvelle, se faisant l’écho « du cri silencieux des innocents persécutés ou des peuples dont les dirigeants hypothèquent le présent et le futur en raison d’intérêts personnels » (AM 30).
Mais quels sont les champs d’action où mettre en pratique tout cela ? L’Exhortation apostolique indique d’abord la catéchèse non seulement étudiée, mais également vécue dans la vie personnelle, familiale et sociale ; le discernement approfondi des rites traditionnels locaux, surtout ceux liés à la réconciliation, pour mettre en évidence les aspects qui aident ou font obstacle à l’inculturation de l’Evangile ; enfin, la promotion d’une fraternité nouvelle en opposition au tribalisme, au racisme et à l’ethnocentrisme.
Le Pape demande une défense et une protection particulières pour :
La famille, – face aux menaces telles que la déformation de la notion du mariage, la dévaluation de la maternité, la banalisation de l’avortement, la facilité du divorce et le relativisme d’une « éthique nouvelle » – pour qu’elle devienne une « Eglise domestique », capable de porter la paix et l’harmonie dans la société. Entre autres choses, la vénération et le respect que l’Afrique a pour les plus âgés peuvent inspirer l’Occident comme un exemple de stabilité et d’ordre social. Les femmes, qui ont une tâche irremplaçable dans la société et dans l’Eglise. Les actes de violence contre elles doivent être combattus, dénoncés et condamnés par tous les chrétiens.
Les enfants, don de Dieu, source d’espérance et de renouveau, souvent au centre de situations intolérables et déplorables comme : enfants-soldats, prisonniers, obligés de travailler, maltraités à cause de leurs handicaps, considérés comme sorciers, défavorisés à cause de l’albinisme, vendus comme esclaves du sexe.
la vie : l’Eglise s’oppose à l’avortement, à la drogue, à l’abus d’alcool ; elle est en première ligne pour lutter contre la pandémie du paludisme, de la tuberculose, du Sida qui demande une réponse médicale, pharmaceutique, mais surtout éthique, à savoir une prévention efficace basée sur l’abstinence sexuelle, sur le refus de la promiscuité sexuelle et sur la fidélité conjugale, au nom d’une anthropologie fondée sur le droit naturel et sur la Parole de Dieu. La lutte contre l’analphabétisme, fléau de la mort sociale, et l’élimination de la peine capitale sont également essentielles.
L’Exhortation apostolique souligne en outre que l’Afrique a besoin d’une bonne gouvernance des Etats, qui s’exprime dans le respect des Constitutions, des élections libres, de systèmes judiciaires indépendants, d’administrations transparentes libérées de la corruption. La fructification des matières premières est également fondamentale pour le bien commun, tout comme le respect des biens essentiels comme l’eau et la terre ; l’attention, jusqu’au niveau international, au phénomène des migrations ; la mondialisation de la solidarité qui inclut « le principe de gratuité et la logique du don comme expression de la fraternité » (AM 86).
Le Pape accorde une attention névralgique au thème du dialogue, qui doit être :
Œcuménique, car un christianisme divisé demeure un scandale. Il invite également à fonder de nouvelles associations œcuméniques qui entreprennent des œuvres caritatives et protègent le patrimoine religieux face à l’expansion des églises autochtones africaines, des mouvements syncrétistes, et des sectes qui souvent séduisent autant les responsables politiques que les fidèles des paroisses.
interreligieux, d’une part en conjonction avec les religions traditionnelles africaines – pour accueillir ce qui est conforme à l’Evangile et ce qui, au contraire, relève de la sorcellerie – et d’autre part avec l’Islam : dans certains Pays africains, celui-ci peut se présenter sous un mode agressif, mais le Pape redit l’importance de persévérer dans l’estime envers les musulmans, monothéistes comme les chrétiens, et insiste sur la disponibilité au dialogue dans le respect de la liberté religieuse et de conscience.
SECONDE PARTIE : Les champs d’apostolat de l’Eglise
Le Pape s’adresse directement aux
Évêques : ils sont invités à la sainteté de la vie, en union avec le Successeur de Pierre, en communion avec les prêtres. Ils doivent résister à la tentation du nationalisme et doivent s’engager dans l’éducation des laïcs. Les diocèses doivent être des « modèles quant au comportement des personnes, à la transparence et à la bonne gestion financière » (AM 104).
Prêtres : ils doivent vivre une vie exemplaire dans le célibat et détaché des biens matériels, allant au-delà des frontières tribales et raciales, et sans tomber dans la tentation de guides politiques ou de travailleurs sociaux
Séminaristes : ils sont appelés à se préparer au sacerdoce des points de vue théologique et spirituel, dans une atmosphère propice à leur croissance psychologique et humaine, pour devenir des apôtres des jeunes
Laïcs : ils doivent vivre la sainteté dans le monde, montant que le travail, avant d’être un moyen de faire profit, est le lieu de la réalisation personnelle et du service du prochain. Pour ceux qui œuvrent dans les champs politique, économique, culturel et social, il est en outre fondamental de connaître la Doctrine sociale de l’Eglise.
Diacres, personnes consacrées et catéchistes : Le Pape insiste sur leur formation permanente, sur le modèle de vie chrétienne et le témoignage de vie donnée à Dieu et dévouée au prochain.
Écoles, universités, et institutions catholiques : Elles doivent tisser dans la société des liens de paix et d’harmonie ; rechercher la Vérité qui transcende l’humain ; contribuer à développer la théologie africaine, en maintenant leur identité catholique et en soutenant l’inculturation.
Institutions sanitaires catholiques : dans chaque malade, l’Eglise voit un membre souffrant du Corps du Christ. Son engagement contre les maladies sera fidèle à son enseignement éthique et à la défense de la vie. La gestion des fonds doit se faire de manière transparente, servant surtout au bien des malades. Le nombre des petits dispensaires, qui assurent les soins de premier secours, sera augmenté.
moyens de communication : l’Eglise doit être présente dans les mass média, en nombre croissant et mieux coordonnée, faisant appel aux nouvelles technologies, car elles sont des instruments d’évangélisation et de formation des peuples africains à la réconciliation, la justice et la paix.
L’Exhortation apostolique se concentre ensuite sur l’importance de l’évangélisation, comprise soit comme missio ad gentes, comme le fait de porter la Bonne Nouvelle aux personnes qui ne la connaissent pas encore, soit comme nouvelle évangélisation, donc vers ceux qui ne suivent plus la pratique chrétienne, jusque dans les Pays plus sécularisés, hors des frontières africaines.
PROPOSITIONS CONCRETES :
Reprenant certaines des Propositions finales du Synode, l’Exhortation apostolique suggère quelques propositions concrètes pour favoriser la réconciliation, la justice et la paix dans le continent :
Augmenter la lectio divina et l’apostolat biblique, car la Parole de Dieu donne vie à la communion fraternelle. Célébrer un Congrès eucharistique continental, car l’Eucharistie établit une fraternité nouvelle qui dépasse les différences de langue, de culture et d’ethnie, ainsi que le tribalisme, le racisme et l’ethnocentrisme
Suggérer, de la part des Eglises particulières, de nouveaux candidats à la canonisation, car les Saints sont des défenseurs exemplaires de la justice et des apôtres de la paix
Soutenir, de la part des évêques, le SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales de l’Afrique et de Madagascar), structure de solidarité et de communion ecclésiale au niveau continental
Encourager les Pays africains à célébrer chaque année un jour ou une semaine de réconciliation, particulièrement au cours de l’Avent ou du Carême
Contribuer, de la part du SCEAM, en accord avec le Saint-Siège, à la réalisation d’une « Année de la réconciliation » pour tout le continent.
CONCLUSION
L’Exhortation apostolique, dans sa conclusion, met l’accent sur l’espérance : le Pape confie à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie le chemin de l’évangélisation du continent afin que « chacun devienne toujours plus un apôtre de la réconciliation, de la justice et de la paix », et pour que l’Eglise en Afrique puisse être « un des poumons spirituels de l’humanité ».
(Cf. http://www.radiovaticana.org/FR1/Articol)
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